Donc invitation de dernière minute à aller au festival Jardin Sonore de Vitrolles, pour la 7e édition de ce festival qui concilie groupes et chanteurs mainstream et quelques trucs underground du meilleur aloi (l'an dernier Queens Of The Stone Age et Archive), comme cette 2e journée consacrée essentiellement à des groupes punks ou indé au sens large.
Tout d'abord, précisons que le lieu est superbe, ombragé (même pas besoin de chapeau alors qu'il fait 30° et qu'on est dans les Bouches-du-Rhône), qu'on est très bien accueilli par des gens souriants, que l'orga est parfaite avec des food trucks partout, des points d'eau potable, tout est fait pour qu'on s'y sente bien et on s'y sent bien. Bon, la pinte est à 9€ et pas très fraîche mais ne nous plaignons pas.
Ménades
On commence avec Ménades, un groupe au nom zarbi qui a sorti son premier album en février dernier. La chanteuse est déchaînée et elle fait le show, elle a du coffre : c'est une VRAIE chanteuse, quelque part entre Catherine Ringer et Muriel Moreno, dans dix ans elle sera sans doute en solo et remplira des stades, mais pour le moment Ménades et son mélange de garage punk psyché et de rock alternatif/indé tout court lui suffit et à nous aussi. La bassiste et la guitariste ont l'air d'avoir 16 ans mais elles sont possédées par le truc, tout comme le guitariste au look de scout assez marrant, et au batteur qui de loin ressemble à Julien Doré. Très bonne surprise avec une musique urgente et pleine de feeling et un groupe qui assure comme une bête sur scène. L'album écouté depuis confirme cette très bonne impression.
Sur leurs cendres, vidéo officielle (avec une grosse pub de merde avant)
La Flemme
Après Ménades, on va aller voir les Marseillais de La Flemme - rien à voir avec La Femme évidemment - dont rien que le nom devrait suffire à vous convaincre. Avec eux même topo, un premier album en avril dernier et un garage punk ultra-efficace qui alterne avec des ambiances plus fuzz seventies et psychédéliques (c'est la première fois de ma vie que je vois un groupe demander s'il y a un guitariste dans le public, et faire monter un type un peu abasourdi pour jouer (deux accords, pas trop de prise de risque non plus) sur tout un morceau. Ils ont un look sympa, ils sont sympas, ça bouge bien, tout le monde chante en chœur même sans connaître les paroles (en français c'est plus facile) et tout le monde est content. L'album écouté depuis confirme cette très bonne impression, bis.
Demain, vidéo officielle (avec une grosse pub de merde avant)
Toy Dolls
Après ces deux excellents départs, on tape dans le dur avec les Toy Dolls, dont le premier album est quant à lui sorti il y a... 42 ans. Alors il me faut confesser ma méconnaissance du groupe, ou presque, car comme tout le monde si je sais qui est Olga, le chanteur-clown en chef, je ne connaissais à peu près que les deux premiers albums (sur la bonne vingtaine qu'ils ont sorti) et le fameux Nellie The Elephant. Le trio est hilare en permanence, ils ont des petite chorégraphies débiles, ils chantent leur amour de l'alcool et lancent des cotillons, bref n'épiloguons pas, je doute que quelqu'un vienne dire que les Toy Dolls c'est chiant en concert : on en a pour son argent et ça rigole et ça pogote dur.
Voilà c'était un peu ça, tout à fait même (avec une grosse pub de merde avant)
Frank Carter & The Sex Pistols
On va manger un poke bowl à 14€ même si on n'est pas vegan, et puis on va voir... les Sex Pistols, la grosse affiche du festival. Alors je tiens à le dire, j'y suis allé presque contraint et forcé. J'ai toujours trouvé leurs reformations ridicules et je n'ai jamais cru une seconde qu'ils puissent se réunir juste pour le plaisir alors que tout le monde sait que Rotten et ses potes se haïssent, et que les Sex Pistols, dans leur carrière à tous, n'est qu'un court brouillon de leur future carrière, même s'ils n'ont jamais eu beaucoup de succès avec tous leurs groupes respectifs. Donc ici, SANS Johnny Rotten et avec Frank Carter à la place, il y avait de quoi être méfiant. Eh bien figurez-vous que... c'était bien pire que ce à quoi je m'attendais ! D'abord il y a Frank Carter, je n'ai rien contre ce gars, il ne compte pas ses efforts pour arpenter la scène, faire taper le public dans ses mains (sur les Sex Pistols !!!), bref il fait le show. Heureusement, sinon ça serait mortel, vu que les trois autres esquissent à peine 3 pas et 1 sourire. Ils jouent, et en plus ils jouent bien, ce qui est chiant venant des Sex Pistols.
Point de chaos, point d'anarchie, et le comble de la douleur est d'ailleurs lorsque Frank Carter encourage tout le public à reprendre en chœur "I am an anarchist"... non mais sérieusement, combien dans ce public-là y a-t-il d'anarchistes, de gens près à se révolter vraiment, à remettre en question l'ordre établi avec tous les moyens qui sont les leurs ? Ceux qui ont acheté un T-shirt Sex Pistols ? (j'ai renoncé à les compter mais ils étaient largement majoritaires). Si encore ça s'était arrêté là, mais le groupe projette derrière lui des images d'archives du public punk de 1977, celui qui avait encore les cheveux longs, et des Sex Pistols d'alors... en se gardant bien de montrer Johnny Rotten ou Sid Vicious, évidemment. Et en ayant rajouté Frank Carter dessus comme s'il avait toujours été là. Un mec qui ne connaît pas le groupe pourrait facilement croire tout ce qui était suggéré.
Alors ok, la grande escroquerie du rock'n'roll se poursuit, accordons-leur ça : ils se foutent de notre gueule ouvertement, ils cachetonnent sans se cacher (joli ça, "cachetonner sans se cacher", je la garde), mais on n'est pas obligés d'allumer les briquets sur My Way (un morceau qui, il me semble, n'a jamais été joué par les Sex Pistols de leur vivant mais seulement par Sid Vicious après la dissolution du groupe), même si la jeune fille devant moi a dansé comme en boîte pendant tout leur show en tapant dans les mains.
En résumé : c'est bien fait pour ma gueule, qu'est-ce que j'attendais en allant voir un tribute band ? Allez j'admets juste une semi-étincelle de vie lorsque Steve Jones rate une intro et arrête le morceau en disant "I'm sorry I fucked up", ce qui vaut un sourire à Glen Matlock.
Notez bien "Boredom" et "Nowhere" derrière eux,
c'était exactement ça : l'ennui d'un groupe qui ne va nulle part
(avec une grosse pub de merde avant)
c'était exactement ça : l'ennui d'un groupe qui ne va nulle part
(avec une grosse pub de merde avant)
Catchy Péril
On part ensuite voir un autre groupe local (le chanteur ému a avoué avoir grandi à Vitrolles), dont le nom est encore mieux que La Flemme : Catchy Péril. Là, les jeunes, chapeau, vous perpétuez à merveille la tradition des noms rigolos des groupes français, bravo. Musicalement j'avoue que ça m'a un peu moins intéressé, peut-être parce que ça ressemblait trop à... La Femme (sans le L hein !), avec un disco électro rock très groovy qui colle bien aux couleurs fluos peintes sur leurs visages. Sympa, ils pourraient même avoir pas mal de succès car il y a de bonnes idées là-dedans et une bonne énergie mais on s'arrête avant la fin pour se préparer aux Viagra Boys que je verrai pour la troisième fois.
Dancing, vidéo officielle (avec une grosse pub de merde avant)
Viagra Boys
Et on termine donc avec les Viagra Boys et que dire ? Sebastian Murphy a doublé la taille de son bide-à-bière, il était sans doute un peu moins déconneur que les autres fois (mais le public était plus nombreux, succès oblige), mais on s'en fout, leurs morceaux sont toujours absolument bluffant. Les Viagra Boys sont peut-être marrants dans leur attitude, mais il faut bien reconnaître que leur musique, malgré le groove et l'hypnose générée par la répétitivité et l'énorme son de basse, est d'un cynisme désespéré absolu, pleine d'une tension extrême, toujours proche de la folie, avec des textes profondément existentialistes, on appelle ça sans doute l'humour du désespoir. Sebastian Murphy est le clown triste le plus marquant de sa génération, un punk au sens primaire du terme, un punk absolu, qui ne croit en rien et ne veut rien. Il s'en fout, il boit de la bière, et je mettrai ma main à couper que la moitié du public s'est dit qu'il n'allait pas durer très longtemps. Même s'il a fait 4 pompes sur scène avant de s'écrouler, sur le tube Sports, cet hymne dédié à tous les non-sportifs qui n'ont jamais osé avouer que le sport ça les emmerdait et qu'ils préféraient siroter de la bière devant leur télé, en bons losers qu'ils étaient. Et en mangeant des animaux sans s'excuser (moi j'ai mangé un poké bowl à 14€ je vous rappelle).
Bref, les Viagra Boys sont parmi les très rares artistes du monde du rock actuel à apporter un peu de fraîcheur, de liberté, les seuls à tendre un doigt à la face du monde et à ne pas chercher à plaire ou à adopter une attitude consensuelle de peur de déranger quelques petites personnes fragiles (on peut citer Amyl & The Sniffers et Sleaford Mods aussi - d'ailleurs ils ont tous collaboré à un moment ou à un autre).
Profitons des Viagra Boys pendant qu'ils sont là, ils le méritent ! Le programme s'arrête là, on est gentiment mis dehors rapidement et on regagne l'autoroute, en se disant qu'il faudra surveiller les prochains festivals Jardin Sonore.
The Bog Body, vidéo officielle (avec une grosse pub de merde avant)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est modéré (pour éviter les spams), mais n'hésitez pas à commenter !